Rétrospective 2023 et Perspectives 2024
Des marchés en fort rebond après une année 2022 difficile
Après une année 2022 dévastatrice pour l’ensemble des classes d’actifs, l’année 2023 a débuté en fanfare. Le début de la désinflation de part et d’autre de l’Atlantique et la résilience de l’économie américaine ont rassuré les marchés. Les Banques Centrales ont pourtant poursuivi les hausses de taux pour les porter à 5.25-5.50% aux Etats-Unis (4 hausses de 0.25% sur l’année) et 4.50% en Zone Euro (2 hausses de 0.50% puis 4 hausses de 0.25%).
Pourtant, rien n’était gagné. Au printemps, une nouvelle crise bancaire aux Etats-Unis a fait ressurgir l’aversion au risque. La Banque Centrale américaine est arrivée à la rescousse pour circonscrire cette crise en garantissant l’argent des déposants des banques en faillite (Silvergate Bank, Silicon Valley et Signature Bank). En Europe, Crédit Suisse a également effrayé les marchés mais les autorités suisses sont intervenues pour que l’acteur soit racheté par UBS. A ce jour, cet épisode de stress n’aura eu aucun impact sur l’économie.
Au final, ce sont les anticipations d’assouplissement et de fin de resserrement monétaires qui ont été le principal moteur des marchés en 2023. Le thème de l’intelligence artificielle a également soutenu les marchés, notamment les valeurs technologiques qui habituellement souffrent des périodes de hausses de taux. Ainsi, les « 7 Magnifiques » (Microsoft, Nvidia, tesla, Meta, Apple, Alphabet et Amazon) ont explosé tous les records.
La rentrée était à haut risque avec une attention toute particulière sur les résultats et l’impact des hausses de taux au niveau des sociétés. Si dans l’ensemble la saison de résultat a témoigné de la résilience des sociétés, quelques valeurs ont souffert, notamment dans le luxe avec en tête de proue LVMH. Après une excellente année 2022, le secteur a souffert de la normalisation des chiffres après une repise post-Covid tonitruante. C’est surtout les avertissements sur de grandes valeurs (Alstom, Wordline, Sanofi …) qui ont marqué l’automne sur les marchés.
Le contexte géopolitique en Israël a ravivé l’aversion au risque mais très vite l’optimisme a fait son grand retour pour porter les marchés à leurs plus hauts historiques en fin d’année : la désinflation est bel et bien entamée. Une bonne nouvelle renforcée par un dernier discours de l’année, cette fois accommodant, de la Banque Centrale américaine.
Le Japon a signé une année remarquable. Le retour de l’inflation (dans un pays historiquement en déflation) et l’amélioration de la gouvernance des entreprises ont largement joué en la faveur des marchés nippons.
Seul ombre au tableau cette année, la Chine qui ne cesse de s’enfoncer (MSCI China USD -11.11%). L’Empire du Milieu traverse une crise de confiance du consommateur, conséquence directe de la crise dans le secteur de la promotion immobilière, sans parler d’un chômage des jeunes toujours très élevé. En fin d’année, le gouvernement chinois a porté le coup de grâce avec un tour de vis réglementaire sur certains secteurs de l’activité comme en 2021. Pékin a publié un projet de directives visant à réduire les incitations qui pourraient conduire à des jeux et des dépenses excessifs. Les investisseurs internationaux ont boudé la zone en 2023.
Sur l’année, les marchés actions ont affiché des performances positives tant aux États-Unis qu’en Europe : le Nasdaq ressort avec une performance de +45%, le S&P500 a bondi de +26% et le MSCI Europe a atteint +16% (dividendes réinvestis).
Coté obligataire, les taux 10 ans américains ont clôturé l’année à 3.866%, le Bund allemand à 2.028% et l’OAT 10 ans française à 2.558%.
Les tops :
- Rebond des marchés et notamment des valeurs technologiques
- Désinflation largement engagée
- Résilience des économies américaines et européennes
- Probabilité élevée de fin de resserrement monétaire
Les flops :
- La Chine
- Des avertissements sur profits qui coûtent cher
- L’immobilier, dommage collatéral de la hausse des taux
Perspectives 2024
A quoi s’attendre en 2024 ?
La récession tant attendue depuis deux ans n’aura probablement pas lieu. L’ensemble des acteurs tablent sur un « soft landing » soit un atterrissage en douceur après la surchauffe pré-Covid et la politique restrictive des Banques Centrales qui s’en est suivie.
En 2024, la croissance devrait être molle en Europe (proche de 0) et faible aux Etats-Unis (autour de 2%) mais avec une inflation sous contrôle. Cette dernière devrait revenir sur les niveaux cibles des Banques Centrales américaine et européenne (proche de 2% contre à ce jour respectivement à 3.1% et 2.9%). Si l’assouplissement des conditions monétaires de part et d’autre de l’Atlantique fait consensus pour 2024, l’ampleur et le calendrier restent encore incertains. Les marchés pourraient connaitre de nouveau des périodes de volatilité exacerbées comme en 2023 autour de cette question des taux.
2024 est également une année électorale d’envergure. Parmi les scrutins les plus importants, on note les Etats-Unis, Taïwan, l’Inde. On peut citer également la Russie, sans grande surprise quant aux résultats…
Du côté de la Chine, malgré tous les efforts déployés pour relancer la machine économique, le redémarrage n’est pas encore clairement enclenché. Les prises de positions de Pékin sur le secteur des jeux et la faillite toute récente d’un des principaux gestionnaires de patrimoine du pays (réplique de la crise immobilière) ne plaident pas en la faveur d’un rebond à court terme et nous éloigne d’une franche reprise.
A surveiller :
- Capacité des entreprises à conserver leurs prix à des niveaux élevés alors que les volumes sont en forte baisse
- Quid des politiques budgétaires après trois ans de dépenses publiques accrues pour pallier à la crise Covid et faire redémarrer les économies développées
- La prime record des actions américaines par rapport à celles des marchés européens et émergents
Julie Roussenque, Allocataire d’actifs
Rédaction achevée le 08.01.2024